mardi 21 février 2012

Aujourd'hui : pourquoi les dictateurs portent la moustache ?

…ou la barbe, pourrait-on ajouter, car exception faire de quelques imberbes impénitents comme Kim Jong-il ou Dark Vador, la pilosité visible semble être le dénominateur commun de ces dégénérés congénitaux. Pour connaître les motivations profondes de cette impardonnable faute de goût, il faut s’intéresser au modèle qui a inspiré la plupart de ces détraqués notoires, de ces homosexuels refoulés, de ces artistes ratés, à savoir le grand, le seul, l’unique Charlie Chaplin. Car oui, je l’affirme ici haut et fort, avec emphase et conviction, si la plupart des dictateurs portent la moustache, c’est pour ressembler à leur idole ! Que tous ceux qui ne seraient pas d’accord avec moi quittent immédiatement ce blog ! ( On a votre IP, on saura vous retrouver...)

Professeur M

Hum... Au risque de contredire mon honoré confrère, je proposerais volontiers une autre explication. Car de Mao Tsé-Toung à Hugo Chavez en passant par Mussolini, Hosni Moubarak, Ben Ali ou ma mère, la lèvre de nombreux autocrates ne s'ombre d'aucune pilosité. Doit-on dès lors supposer qu'ils n'aiment pas Charlot ? Non, bien sûr, car tout le monde aime Charlot, même la reine d'Angleterre, ce qui ne l'empêche pas de porter des chapeaux ridicules.
Je dirais plutôt que, d'une manière générale, le poil ou son absence répond chez les tyrans à une double nécessité : le mimétisme et la virilité.
D'une part, en tant qu'il s'érige comme unique et toujours légitime représentant du Peuple, le dictateur se doit de lui ressembler au plus près. Il aura donc soin d'arborer en toutes circonstance la façade la plus banale possible, la plus passe-partout pourrait-on dire. D'où, par exemple, les difficultés qu'éprouva naguère l'armée américaine à dénicher Saddam Hussein dans un pays où ses sosies se comptaient par milliers (j'en connais moi-même plusieurs) ou bien toutes les peines que l'on aura à dénicher Vladimir Poutine au milieu d'un bac à glaçons.
Le dictateur est donc avant tout l'esclave de la mode, à preuve qu'aucun d'entre eux - à qui tout est pourtant permis, ne crut jamais bon d'apparaître en public coiffé d'une crête rouge ou de tout autre ornement susceptible de lui aliéner la populace par sa trop grande excentricité (à l'exception notable de Mouammar Khadafi, dont la chute fut peut-être d'ailleurs précipitée par son obstination si peu libyenne à se parer d'un béret basque).
Cependant, si le tyran se cherche toujours un air de famille avec la Nation, il se doit d'y occuper la place du Père. Et c'est là qu'intervient la moustache. Quoi de plus propre à incarner l'autorité du Père de la Nation qu'une belle pilosité bien placée sur la lèvre supérieure ? Dans la mesure où l'air du temps et les coutumes locales l'y autorisent, le dictateur aura donc soin de cultiver cet ornement qui l'identifiera sans coup férir aux yeux du vulgaire comme seul et unique chef de meute. La moustache du dictateur dit le droit en même temps qu'elle le donne : elle est ce que la bonne femme et l'éphèbe n'auront jamais et qui les écarte du pouvoir, en famille comme aux affaires. Elle n'est, pour tout dire, qu'une manière polie d'exhiber les couilles de la Nation.
Abbé Y



vendredi 3 février 2012

Aujourd'hui : pourquoi les toiles cirées avec des natures mortes d'après la chasse ?

Le soir tombe, c'est l'automne... La silhouette du chasseur fatigué s'encadre dans la porte vitrée de la cuisine où mijote déjà la soupe du dîner. Sans un mot, il dépose sa gibecière bien garnie sur la toile cirée de la grande table. D'un coup d'oeil, la Suzanne en a bien vite fait l'inventaire. Deux garennes encore dodus d'un été passé dans les trèfles et un faisan dont la traîne prétentieuse dépasse de la vieille sacoche au cuir râpé. La Suzanne émet un grognement approbateur, auquel le François ne prend pas la peine de répondre. Entre le fils et la mère, on n'a plus guère besoin de mots pour se comprendre. Le François s'assied lourdement à califourchon sur le banc et entreprend de retirer ses bottes crottées. La vieille paysanne lui tend une paire de pantoufles fourrées qu'il enfile avec un soupir d'aise tandis qu'André, avec le même soupir, marque soigneusement sa page avant de poser le livre pour se verser un café. Tournant sa cuillère dans le mazagran brûlant, il se lève et va vers la fenêtre à travers laquelle la ville clignote de ses milliers d'existences. Dans le double vitrage, la table fait un reflet orangé, sur lequel se détache un motif répété. Deux garennes encore dodus d'un été passé dans les trèfles et un faisan dont la traîne prétentieuse dépasse de la vieille sacoche au cuir râpé.
Abbé Y