jeudi 24 mai 2012

Aujourd'hui : pourquoi quand un mec allume une cigarette, fronce-t-il toujours des sourcils et abrite-t-il la flamme alors qu'elle n'encourt aucun danger de soufflage?

N'ayant moi-même jamais fumé que la fumée des autres, je ne saurais évidemment faire autorité question cibiche. Néanmoins, il me semble évident que l'attitude observée réfère à l'exemple fameux du cow-boy Marlboro comme archétype de la virilité tabagique, tout fumeur un tant soit peu moustachu se devant d'allumer sa clope à sa façon s'il veut être pris au sérieux. C'est donc sous un stetson imaginaire que des générations de cancéreux auront mis le feu à leurs propres poudres en arborant cet air à la fois soucieux et suprêmement cool du mec à qui on ne la fait pas. Parce qu'un homme, un vrai, a bien le droit de s'accorder une petite pause de temps en temps, ce n'est pas pour autant qu'il cesse d'avoir du poil au cœur. Alors en l'absence de petite femme à protéger ou de veau à marquer, il se rabat sur son briquet. Cette flamme vacillante qu'il abrite de la main, c'est à la fois sa famille et son troupeau, l'honneur de la patrie et le petit Jésus, c'est tout ce dont il se doit d'être responsable et tout ce qui l'émeut : les premiers pas du petit dernier, sa vieille mère sur son lit de mort et le pneu crevé de sa mobylette (sois courageux, fils, il va falloir l'abattre). Mais, bien entendu, ce n'est rien, ce n'est jamais rien, juste un peu de fumée dans l'œil...

Abbé Y

mercredi 11 avril 2012

Aujourd'hui : pourquoi le petit cochon des charcuteries a-t-il l'air si content de nous servir ses petits camarades ?


Sans doute faudrait-il remonter loin, au temps des premières enseignes... Mais le cochon d'alors tenait-il sur ses deux pieds, arborait-il l'air réjoui de celui qui y aura encore coupé pour cette fois ? C'est possible. L'anthropomorphisation des animaux n'est pas nouvelle et, au moins depuis Esope, rares sont ceux qui n'ont prêté leur caractère aux fabulistes. Alors aux charcutiers, pourquoi pas ? Le cochon, réputé pour sa goinfrerie, capable de tout avaler, ne dédaignerait probablement pas le jambonneau, le boudin noir ou le pâté de foie. De là à l'engager comme auxiliaire, il n'y avait évidemment qu'un pas. Mais le cochon des papiers gras ne se contente pas de nous servir ses camarades en tranches : il le fait encore avec l'allure coquine de qui vient de jouer un bon tour au grand méchant loup. Inconscience ou provocation ? Pour peu qu'on y pense, il y a dans ces aguicheries et ces œillades quelque chose de profondément indécent que seule l'habitude, au fond, nous fait admettre. Car de quoi se réjouit-il, ce goret hilare ? D'avoir gardé pour lui les meilleurs morceaux ? Probablement non. Plutôt faut-il y voir l'effet de la fierté légitime de l'artisan faisant de son mieux pour satisfaire la clientèle, imbibant jusqu'à la matière première elle-même, toute contente d'être débitée par un tel Maître et non par un quelconque gâcheur.
Abbé Y.

Je crois plutôt que s'il sourit, le petit cochon, c'est parce qu'il sait très bien que le sacrifice de ses camarades sera de courte durée. Les porcs sont les kamikazes des temps modernes. Bourrés d'antibiotiques comme d'autres d'explosifs, gavés d'hormones de croissance et de pesticides, ils sont dévoués à une seule et unique cause: l'extermination de la race humaine. Le compte à rebours a commencé, l'heure de la vengeance approche. Vous verrez, bientôt, nous serons sous leur joug. Ils prendront le pouvoir et nous feront disparaître, tous, jusqu'au dernier. Bientôt, les cochons dirigeront le monde, et ce ne sera que justice. La seule image qui restera de notre humanité décadente aura la forme d'une petite tirelire dans laquelle ils glisseront leurs économies.

Professeur M.


mardi 13 mars 2012

Aujourd'hui : pourquoi pend-on des dés au retroviseur?

D'aucuns diront qu'il s'agit là d'une façon poétique d'illustrer l'imprévisible, de célébrer les hasards de la vie, de rappeler notre modeste place sur le grand échiquier du destin. D'autres auront cette réplique imparable : "parce que c'est rikolo!"
Hypothèses recevables, certes. Mais l'explication est bien plus simple.
Il s'agit là d'une affaire très primitive. Il s'agit là de s'affirmer au milieu de la jungle urbaine, de trouver sa place face aux poids lourds sur les aires d'autoroute, de s'afficher dans le chaos des embouteillages. Il s'agit là de crier : "c'est moi l'patron!"
En effet, quoi de plus viril qu'une grosse paire de dés au milieu du pare-brise, ballottant, pleins de grâce, à chaque tournant?
Colonel D
Pour ma part, je souscrirais plutôt à la première hypothèse : celle où dans un monde livré au hasard, on préfère s'en remettre à la chance plutôt qu'à la Vierge ou à Saint Christophe. Ce d'autant qu'il nous est parfois donné de voir des femmes au volant derrière de gros dés rouges en peluche ou bien de voir ces derniers non pas pendus au rétroviseur mais posés sur la plage arrière du véhicule en lieu et place de l'habituel petit chien béni-oui-oui. Mais la question n'est pas si facile, je vous l'accorde, cher colonel. Sans doute faudrait-il remonter aux origines et découvrir quel émule de James Dean retour de Las Vegas fut le premier à exhiber ces balloches à six faces. Plus généralement, peut-être faudrait-il élargir la question et se demander ce qui pousse tant d'automobilistes à obstruer une bonne part de leur champ visuel au moyen de pendeloques le plus souvent ridicules ou, pire, justement censées les préserver des accidents.

Abbé Y.

Bravo l’abbé ! Tu as mis le doigt dessus. Car la question n’est pas tant de savoir pourquoi on pend des dés, mais bien d’où sortent ces poils ? En effet, le dé poilu (alea pilosus) est une espèce endémique qu’on ne rencontre guère que dans les habitacles surchauffés des berlines atmosphériques. L’hypothèse la plus vraisemblable est que ce petit rongeur, cousin de l’opossum, serait attiré par les senteurs fraîchement pimpantes aux accents boisés des fameux abies magicus (ou sapins magiques).
Professeur M.

mardi 21 février 2012

Aujourd'hui : pourquoi les dictateurs portent la moustache ?

…ou la barbe, pourrait-on ajouter, car exception faire de quelques imberbes impénitents comme Kim Jong-il ou Dark Vador, la pilosité visible semble être le dénominateur commun de ces dégénérés congénitaux. Pour connaître les motivations profondes de cette impardonnable faute de goût, il faut s’intéresser au modèle qui a inspiré la plupart de ces détraqués notoires, de ces homosexuels refoulés, de ces artistes ratés, à savoir le grand, le seul, l’unique Charlie Chaplin. Car oui, je l’affirme ici haut et fort, avec emphase et conviction, si la plupart des dictateurs portent la moustache, c’est pour ressembler à leur idole ! Que tous ceux qui ne seraient pas d’accord avec moi quittent immédiatement ce blog ! ( On a votre IP, on saura vous retrouver...)

Professeur M

Hum... Au risque de contredire mon honoré confrère, je proposerais volontiers une autre explication. Car de Mao Tsé-Toung à Hugo Chavez en passant par Mussolini, Hosni Moubarak, Ben Ali ou ma mère, la lèvre de nombreux autocrates ne s'ombre d'aucune pilosité. Doit-on dès lors supposer qu'ils n'aiment pas Charlot ? Non, bien sûr, car tout le monde aime Charlot, même la reine d'Angleterre, ce qui ne l'empêche pas de porter des chapeaux ridicules.
Je dirais plutôt que, d'une manière générale, le poil ou son absence répond chez les tyrans à une double nécessité : le mimétisme et la virilité.
D'une part, en tant qu'il s'érige comme unique et toujours légitime représentant du Peuple, le dictateur se doit de lui ressembler au plus près. Il aura donc soin d'arborer en toutes circonstance la façade la plus banale possible, la plus passe-partout pourrait-on dire. D'où, par exemple, les difficultés qu'éprouva naguère l'armée américaine à dénicher Saddam Hussein dans un pays où ses sosies se comptaient par milliers (j'en connais moi-même plusieurs) ou bien toutes les peines que l'on aura à dénicher Vladimir Poutine au milieu d'un bac à glaçons.
Le dictateur est donc avant tout l'esclave de la mode, à preuve qu'aucun d'entre eux - à qui tout est pourtant permis, ne crut jamais bon d'apparaître en public coiffé d'une crête rouge ou de tout autre ornement susceptible de lui aliéner la populace par sa trop grande excentricité (à l'exception notable de Mouammar Khadafi, dont la chute fut peut-être d'ailleurs précipitée par son obstination si peu libyenne à se parer d'un béret basque).
Cependant, si le tyran se cherche toujours un air de famille avec la Nation, il se doit d'y occuper la place du Père. Et c'est là qu'intervient la moustache. Quoi de plus propre à incarner l'autorité du Père de la Nation qu'une belle pilosité bien placée sur la lèvre supérieure ? Dans la mesure où l'air du temps et les coutumes locales l'y autorisent, le dictateur aura donc soin de cultiver cet ornement qui l'identifiera sans coup férir aux yeux du vulgaire comme seul et unique chef de meute. La moustache du dictateur dit le droit en même temps qu'elle le donne : elle est ce que la bonne femme et l'éphèbe n'auront jamais et qui les écarte du pouvoir, en famille comme aux affaires. Elle n'est, pour tout dire, qu'une manière polie d'exhiber les couilles de la Nation.
Abbé Y



vendredi 3 février 2012

Aujourd'hui : pourquoi les toiles cirées avec des natures mortes d'après la chasse ?

Le soir tombe, c'est l'automne... La silhouette du chasseur fatigué s'encadre dans la porte vitrée de la cuisine où mijote déjà la soupe du dîner. Sans un mot, il dépose sa gibecière bien garnie sur la toile cirée de la grande table. D'un coup d'oeil, la Suzanne en a bien vite fait l'inventaire. Deux garennes encore dodus d'un été passé dans les trèfles et un faisan dont la traîne prétentieuse dépasse de la vieille sacoche au cuir râpé. La Suzanne émet un grognement approbateur, auquel le François ne prend pas la peine de répondre. Entre le fils et la mère, on n'a plus guère besoin de mots pour se comprendre. Le François s'assied lourdement à califourchon sur le banc et entreprend de retirer ses bottes crottées. La vieille paysanne lui tend une paire de pantoufles fourrées qu'il enfile avec un soupir d'aise tandis qu'André, avec le même soupir, marque soigneusement sa page avant de poser le livre pour se verser un café. Tournant sa cuillère dans le mazagran brûlant, il se lève et va vers la fenêtre à travers laquelle la ville clignote de ses milliers d'existences. Dans le double vitrage, la table fait un reflet orangé, sur lequel se détache un motif répété. Deux garennes encore dodus d'un été passé dans les trèfles et un faisan dont la traîne prétentieuse dépasse de la vieille sacoche au cuir râpé.
Abbé Y


vendredi 6 janvier 2012

Aujourd'hui : pourquoi y a jamais de pub télé pour des cotons-tiges ?

Ce n'est pas si vrai.

Un document INA montre une publicité datant de 1962 (certes très sommaire quoiqu'égayée d'effets spéciaux novateurs pour l'époque), où l'on voit une mère et toute sa belle famille nombreuse exprimer forte gratitude envers le père qui semble rentrer d'un lointain voyage. Et que ne voit-on pas parmi ses bagages ? Le nouvel Hoover aspirateur balai sans fil Linx Le roi ! Pour nous, c'est pas grand chose. Mais pour eux, c'était un must.
Satrape B


Le coton-tige a mauvaise presse.
Rien, en apparence, de plus inoffensif que cet haltère à moineaux et, pourtant, de quels maux ne l'accuse-t-on ? Il ne serait pas seulement responsable d'innombrables bouchons de cérumen et autres percements de tympans, mais serait en outre impliqué, directement ou indirectement, dans de nombreuses et mystérieuses affaires qui ont fait l'actualité du XXe siècle. Ainsi, le 5 août 1962, comme l'indiquent les rapports du FBI, un coton-tige aurait été retrouvé près du corps de Marylin Monroe. Le 30 octobre 1979, la police découvrait un sachet de cotons-tiges dans la poche du ministre Robert Boulin. Le 2 novembre de la même année, Jacques Mesrine était abattu d'une vingtaine de cotons-tiges en pleine tête. Plus près de nous, dans la nuit du 30 au 31 août 1997, la princesse Diana mourait dans un accident de voiture sous le pont de l'Alma. Qui se serait intéressé de près au réservoir de sa limousine y aurait découvert un nombre anormal de cotons-tiges... La liste est longue et les exemples de cette sorte ne se comptent plus. Et l'on s'étonne encore de ne voir nulle part de publicité pour une créature aussi démoniaque ?
D'un autre côté, il n'y pas non plus de pubs pour les hosties...
Abbé Y


Ne cherchez plus, c'est le fait de mon voisin Franck.
D'autres ont des supers pouvoirs, tordent des petites cuillères par la force de la pensée, jettent des sorts, sauvent le monde... Mon voisin Franck, depuis son plus jeune âge, empêche toute publicité filmée pour le coton-tige.
Si l'on se fie à ce que peuvent donner la plupart des pubs pour ce genre d'article, la puissance d'imagination qu'elles révèlent sans parler de leur esthétique impeccable, nous ne pouvons qu'être reconnaissants à mon voisin Franck de cette mission qu'il assume sans mollir. C'est d'autant plus méritoire qu'un tel pouvoir ne va pas sans effets secondaires désagréables qu'il supporte sans broncher. Malgré les otites à répétition, les acouphènes et les saignements de nez (eh oui, tout ça communique) il demeure le garant d'une télévision de langue française d'excellente qualité.
Longue vie à mon voisin Franck !!!

Capitaine G


Pourquoi ? Mais c’est pourtant simple. Jusqu’au début des années 50, les cotons-tiges étaient vendus sous le manteau, à l’instar des préservatifs ou des vibromasseurs. Car la fonction première du coton-tige n’est pas de nettoyer le canal auriculaire : c’est de procurer du plaisir. Le conduit auditif externe constitue en effet l’une des principales zones érogènes du corps humain. Ne vous êtes-vous jamais étonné que les contons-tiges possédassent deux extrémités, alors que compte tenu de la position symétrique des oreilles de part et d’autre du visage, il est rigoureusement impossible d’en faire usage simultanément ?
Professeur M


Ma première hypothèse aurait été de dire "parce que le cérumen c'est sale".
Mais force est de constater qu'il existe des publicités télévisées pour le PQ, les serviettes Always, la litière pour chats, les médicaments contre les reflux gastriques...
J'en conclus donc simplement que le cérumen, c'est pire que la mauvaise haleine, les dents tachées, les verrues plantaires ou la transpiration. Voilà.
Colonel D 

mercredi 14 décembre 2011

Aujourd'hui : pourquoi les pompons aux mocassins?

Parce que,
tels la couche de protection du camping-car inspirée par l’émail de nos dents, les pompons des mocassins ont été eux aussi inspirés par la nature.
Pour prévenir l’arrivée de l’idiot du village, les Indiens Algonquins cousaient sur ses mocassins de petits grelots, semblables à ceux qui équipent la queue des serpents à sonnette.
Ainsi, lorsqu’ils entendaient les grelots tintinnabuler, les Algonquins pouvaient aller aussitôt se cacher en s'exclamant : « Attention, v’là l’autre gland ! »
Avec la démocratisation du mocassin, les grelots ont été remplacés par des pompons, plus silencieux, mais tout aussi ridicules.

Professeur M




Haha... Les opinions convergent donc, si j'ose dire, et conviennent qu'il s'agit en réalité de glands. Oui, de glands. Car, chaussure préférée du sportsman et de l'amateur de djazz, le mocassin est avant tout l'apanage d'une tribu relativement disparate mais néanmoins répertoriée par l'ethnographe sous le nom générique de "Glandus". Le Glandu se reconnaît à un certain air de désaffection qu'il affiche vis-à-vis des choses de ce monde, tels le travail, le talent et l'escalade des parois abruptes de la pensée. Son romantisme a plutôt les mains dans les poches que les cheveux au vent et, s'il entr'ouvre la bouche, c'est pour y insérer la paille d'un cocktail à base de Malibu. Il est expressif, mais surtout par les pieds, dont une paire de mocassins blancs sont le principal argument, ponctué de manière circonflexe d'une ferme et définitive paire de glands.

Abbé Y


Je pense sérieusement qu'il y a tout de même là un rappel des pompons d'embrasse de rideaux, car comme chacun sait, le pompon ornant l'embrasse du rideau est signe de richesse. C'est donc le luxe qui est revendiqué. Dans ce cas, il faudrait aller jusqu'au bout et prévoir des mocassins en ronce de noyer.
Colonel D

Le mocassin est très ancien, il puise son origine au cœur d'un peuple courageux et fier, les indiens d'Amérique du Nord*. Chasseurs agiles, guerriers rusés, ils se chaussaient ainsi non pas par délicatesse envers leurs pieds experts, mais bien à cause des pompons. En effet, le mocassin amérindien, le vrai, possède bien des pompons. Mais ceux-ci étaient fixés en grand nombre, et à l'arrière, au niveau du talon. Les pompons avaient la fonction remarquable d'effacer les traces de pas laissés par l'autochtone sur la terre rouge. Ainsi, ce dernier pouvait aller et venir en toute discrétion dans ce désert hostile.

Or nous ignorons toujours comment et pourquoi les pompons sont passés devant le mocassin moderne. Serait-ce en ultime hommage ?

* Il est encore difficile de discerner clairement lesquels des Papagos et des Hopis en firent usage les premiers.
Satrape B

Les pompons sur les mocassins ? Ben c'est parce que c'est très beau !
Je connais personnellement peu de choses qui peuvent rivaliser dans le paroxysme du sublime de l'esthétique de la chaussure de qualité que les pompons sur les mocassins.
...
Non ?

Capitaine G